Le 3 août, sur CNEWS, Eric Naulleau déclare :
« … ce n’est pas tolérable en France que des femmes ne puissent plus se promener dans certains coins de France… »
Évidemment, je me marre. Il y a du cocasse dans cette soudaine sollicitude du comparse de Zemmour et de la droite en général vis-à-vis des femmes. Les gonzesses, leur sécurité (et tout le reste), ils s’en cognent tous. On ne l’invoque que pour dénoncer, encore et encore, l’immigration. Non stop.
Je tape une rapide réponse, pas perdre de temps estival sur cet opportunisme, cette instrumentalisation à deux balles.
Je réponds donc, de manière lapidaire :
« Naulleau en défenseur des femmes ? » 🤣🤣🤣🤣🤣🤣🤣🤣🤣🤣
La guirlande d’émojis rigolards souligne le cas que je fais des pathétiques régurgitations zemmouriennes de celui qui n’en est que le pâle perroquet.
https://x.com/EricNaulleau/status/1952616346887278706
Haha, mais c’est qu’il ne l’entend pas de cette oreille, le converti du féminisme! Ça nous l’a tout vexé ! Il n’aime pas qu’on se moque ! Il réplique, cinglant :
« Chère Isabelle Alonso, de votre propre aveu, vous étiez aux premières loges pour assister aux prédations de votre ami Gérard Miller. Vous êtes donc la dernière à pouvoir donner des leçons de féminisme. Ayez la décence minimale de vous taire ».
Il n’est pas le premier analphabète du féminisme à tenter de me faire la leçon. Et comme il ne sait pas de quoi il parle, il n’hésite pas, avec cette audace décomplexée propre aux cuistres, à se poser en ce dont il m’accuse, à savoir donneur de leçons du féminisme. Je m’esclaffe…
A défaut de me taire donc, je m’en vais décortiquer la prose rébarbative autant qu’hargneuse de notre diafoirus de la féminine condition… Attention Simone, c’est court, mais c’est du lourd !
Décortiquons, donc, ces trois lignes de fiel.
« Chère Isabelle Alonso » Je passe sur l’hypocrisie, qui se veut drôle peut être. On a les ironies qu’on peut…
« de votre propre aveu » Aveu ? Non. Témoignage. Je n’ai rien à avouer parce que je n’ai rien à me reprocher. Au lendemain de la toute première révélation de l’affaire Miller (nous en sommes à ce moment-là à TROIS victimes, et j’ai peine à croire la journaliste au téléphone), j’ai simplement dit ce que j’avais vu. De loin, Miller parlant à des jeunes filles. Point barre. Naulleau est assez familier du brouhaha d’un plateau télé ou radio avec public pour savoir que si on peut voir quelqu’un parler, on n’entend pas ses propos pour autant. Désolée pour ces voyeurs que toute occasion de ragot fait triquer.
C’est sur cette base inexistante que notre cancanier patenté appuie les accusations qui suivent, et qui sont, elles, d’une extrême gravité :
« vous étiez aux premières loges pour assister aux prédations » Aux premières loges? Les conversations muettes, citées plus haut, deviennent, une fois passées par la broyeuse excrémentielle du chroniqueur de télé-poubelle, des prédations auxquelles j’aurais assisté ? Si les mots ont un sens, l’éboueur de l’info affirme que j’aurais été présente lors des abus de langage, attouchements, pénétrations, viols, perpétrés par Miller ? Je serais donc complice de crimes ? Carrément ? Ça ressemble furieusement à de la diffamation. Dans les nombreuses qualités dont les fées comblèrent bébé Naulleau à la naissance, les scrupules moraux étaient assurément en rupture de stock…
« …de votre ami Gérard Miller… » Non. Pas ami. Connaissance, camarade, collègue. Pas ami. Le mot ami n’a pas le même sens pour moi et pour un pote de Zemmour, Onfray et Soral, porteur de valises de la fachosphère et pourfendeur obsessionnel de Mélenchon et LFI. Coup de pied de l’âne, bien dans sa manière.
« Vous êtes donc la dernière à pouvoir donner des leçons de féminisme ».
Evidemment, si Naulleau était autre chose qu’un Trissotin cathodique, s’il avait une once d’honnêteté intellectuelle (mais je crois que pour embaucher à CNews, il faut en avoir été amputé), il saurait qu’étant donnée l’extrême fréquence, partout et depuis toujours, des agressions et violences machistes, nous côtoyons toutes et tous, à un moment ou à un autre de notre vie, sans le savoir, un prédateur sexuel. Il ne va pas le crier sur les toits. Et pour cause. Il faut être aussi bas de plafond que Dominique Pelicot pour se filmer en pleine action. Le prédateur intelligent, façon Miller, Hulot, PPDA et consorts sait agir à l’abri de son statut d’homme puissant, privilégié. Il sait que c’est lui qu’on croira. Cette crédibilité manque cruellement aux victimes, qui savent, elles, qu’on ne les croira pas. La loi du silence n’a pas grand-chose à voir avec le silence. C’est un pur rapport de force. Elle protège les forts et écrase les faibles.
On peut compter sur Naulleau pour se ranger par principe du côté du plus fort. Il ne risque pas d’y renoncer, ça a bâti sa carrière. Quand pour gagner sa croute on fayote du milliardaire, faut savoir donner des gages à l’employeur féroce dont on pourlèche les semelles. Faut pas rechigner devant la sale besogne. Vincent B., le capo, veille au grain. C’est la loi du milieu. Ça se respecte. C’est sa came, à Eric-la-combine. Il a avec la morale une relation très personnelle, si élastique, qu’elle lui a déjà valu des démêlés avec la justice : deux condamnations, l’une pour diffamation et l’autre pour manœuvre frauduleuse. Sans conséquences. Il se sent protégé, comme ces chiens qui aboient tant qu’ils sont à l’abri d’une clôture.
Aussi, quand j’ironise sur une de ses diatribes anti-immigration parfaitement indignes où il feint de s’intéresser à la sécurité des femmes, il est furibard, son sang ne fait qu’un tour, je vais savoir qui c’est Raoul.
Pourquoi se gênerait-il ? En tant que féministe, j’ai choisi mon camp, moi aussi. Contrairement à lui, j’avance en terrain découvert, là où ma proximité passée avec le prédateur Miller se paie cash. Naulleau le sait, comme il sait que j’ignorais tout de ses agissements. C’est délibérément qu’en twittant sa perfidie il déclenche la hargne des décérébrés qui kiffent sa trajectoire de laquais de la fachosphère. Répondre sur le fond serait plus malaisé. Il préfère la facilité, avec une dose de bassesse. C’est son style. Figurez vous que je ne suis pas féministe comme il estime que je devrais l’être. C’est lui qui distribue les bons points ? Il sait se montrer désopilant, faut reconnaître…
« Ayez la décence minimale de vous taire »
Faire taire les femmes, surtout les féministes, rêve éternel du machisme triomphant. Y en a qu’ont essayé….
Décence, donc.. Voyons ce qu’il entend par là, notre garde-chiourme patriarcal. Flash-back.
Nous sommes en 2018, l’affaire Hulot se médiatise. Naulleau, glaive vengeur et bras séculier, vole au secours du plus puissant, tu m’étonnes. Encore des greluches qui osent accuser sans preuves ! En italiques, ses certitudes en machisme trempé :
"8/2/18
Franchissement d'un nouveau cap du délire avec les rumeurs d'agression sexuelle concernant Nicolas #Hulot : désormais l'inexistence de tout élément à charge vaut charge, l'absence de preuve est bien la preuve que".
Cap du délire en effet. Naulleau ne sait rien, il invective quand même. Hulot n'a pas été jugé. Pas innocenté. Les faits étaient prescrits. Nuance. Des victimes intimidées, voire menacées ? Il s’en fout. Il est là pour baver, il bave.
"9/2/18
Difficile de décider ce qui est le plus écœurant dans l'affaire #Hulot. Le montage journalistique pour vendre un peu de papier ou la meute de twittos par l'odeur du sang alléchés".
Il est écoeuré, ti chouchou. Comme quand il y a trop de sucre dans la meringue. Par quoi? Par des journalistes qui faisaient bien leur travail, à l’Ebdo. L'odeur du sang ? Du sang de qui? Pas de Hulot en tout cas, resté en place sans la moindre égratignure (il ne démissionnera que des mois plus tard, et pour autre chose). Quant aux victimes, pas un mot.
Y a aussi Darmanin, un autre faible à secourir :
"10/2/18
« Après la prostituée et maîtresse-chanteuse de l'affaire #Darmanin, le journalisme poubelle de L'#Ebdo dans l'affaire #Hulot : les dessous du féminisme deviennent douteux. Un minimum d'hygiène morale s'impose ».
Remarquer comme le choix des termes : "prostituée" et "maîtresse-chanteuse" pour qualifier la plaignante, en état de faiblesse totale, revient à la disqualifier.
Noter également comment l’association entre féminisme et lingerie, tendance négligé cradingue : "...les dessous du féminisme deviennent douteux" nous offre une plongée dans l’inconscient du plumitif. Voilà qui en dit long… Sigmund !
On voit à quel point, notre courageux moraliste, perché sur sa probité, sait se montrer rigoureux. Entre la défense de tout-puissants ministres menteurs (confirmé pour les deux) et celle de leurs victimes (qui, elles, disaient la vérité), il a choisi. Les plus puissants. Par hygiène morale, sans doute….
Et il exige que je me taise ? Et il juge de la qualité de mon féminisme ? Il chie pas la honte, pépère !
Pour reprendre une phrase célèbre, « je suis économe de mon mépris en raison du grand nombre de nécessiteux ». Je préfère en rire. Comme aurait dit Pierre Bénichou, « Monsieur Naulleau, je n’aurais pas aimé vous connaître pendant l’Occupation ».
Espace commentaire
Nabil - Le 07/08/2025 à 20:11
Quelle fessée! Bravo
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Nicole, Christian - Le 10/08/2025 à 11:05
Super papier de réponse à ce facho. Nous ne nous tairons jamais, hurlons !
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Elise - Le 08/08/2025 à 05:22
Incompétent sur tous les sujets mais ça ne l’empêche pas de nous expliquer. Naulleau le pédant ou la médiocrité faite homme (avec un petit h).
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Soso - Le 08/08/2025 à 09:30
Bravo Madame !
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Tresso - Le 07/08/2025 à 16:52
Comme pour votre livre ,juste :Bravo ! Et merci !
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Isabelle Alonso - Le 07/08/2025 à 17:33
merci à vous!
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Annie - Le 09/08/2025 à 08:19
Quel plaisir de lire ce texte ! Merci et bravo !
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Bruce Printscreen - Le 08/08/2025 à 14:49
Madame Alonso, Je ne regarde pas la télé depuis des lustres. Je connais votre nom, mais sans savoir qui vous êtes vraiment, sans savoir dans quelle catégorie vous ranger, à supposer qu'il faille le faire. Mais votre envolée anti-Nulleau (sans faute de frappe) est superbe. Ce sinistre individu n'est jamais qu'une sombre ordure fasciste qui, comme son pote Zemmour, déteste les femmes qui ont du répondant (sauf celles qui acceptent de partager leur lit, comme Knafo pour Zorglub). Ce type totalement détestable n'a aucune valeur morale, il ne fait qu'aboyer et mordre, la gueule perpétuellement bavante. Je ne sais pas s'il vous aura lue, mais il est ċertain qu'il en a largement pris pour son grade. De façon totalement méritée. Bravo à vous. Bruce.
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Isabelle Alonso - Le 23/09/2025 à 18:28
Merci!
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