« Il suffira d'une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. » Simone de Beauvoir
On a beaucoup parlé récemment du "male gaze". Ça veut dire le regard mâle. Le regard masculin, qui pose sur la production d'images (ciné, photo, pubs, etc...) un point de vue qui, parce qu'il est le seul à s'exprimer, apparait comme universel. Or il n'est que celui du dominant, même s'il prend toute la place. Autant dire que les cinéastes les plus reconnus, hyper majoritairement masculins, contestent avec énergie. Parler de domination à un dominant, c'est affronter son incrédulité. Voire son hostilité. Ils ne croient que ce qu'ils voient, et leurs privilèges, ils de les voient pas.
Et en politique alors ? Y aurait-il du "male gaze" dans la gestion des affaires publiques? Ne prolongeons pas le suspense: la République repose sur des colonnades de chromosomes Y, celui qui n'a qu'une patte mais pense que c'est suffisant. c'est dans de la pure encre de couille que le législateur a trempé sa plume à l'heure de rédiger la Loi. Et l'esprit de la Loi en est toujours profondément imbibé (Merci Catherine Beaunez pour le dessin ci contre!)
Le confinement a des conséquences sur l'accès à l'IVG. Car il y a des délais fixés par la loi, au delà desquels on ne peut plus y avoir recours. Il faut aller à l'étranger, voyez le topo? Le nombre d'appels au Planning a littéralement explosé. Des femmes sont dans l'impossibilité d'avorter dans les limites. Interpelé par la sénatrice Laurence Rossignol sur la question d'allonger les délais de deux semaines, Olivier Véran estime que c'est «un sujet de société trop important pour être traité dans l’urgence d’une crise épidémique».
Si c'étaient les hommes qui se retrouvaient enceints, s'ils avaient à assumer une grossesse non désirée, il y a une chose dont on peut être certaines: le droit d'avorter serait inscrit en lettres d'or dans la constitution. Ça brillerait, ça clignoterait, ça ferait partie des droits premiers, inaliénable, de la personne humaine. Sans conditions et sans autres délais que ce dont peut juger toute personne responsable et autonome. Ça serait comme ça, si les hommes étaient enceints.
Mais ils ne le sont pas. Certains décident quand même de ce qui se passe dans des utérus qui ne sont pas à eux. Comme si nous, en fonction de nos préjugés, de notre ignorance, on leur expliquait comment traiter la transpiration testiculaire, les dysfonctionnements prostatiques, ou ce qu'on ressent quand on se prend un coup de saton dans les valseuses...
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vareuse - Le 06/05/2020 à 05:37
Je n'ose même pas imaginer la détresse des femmes qui sont dans cette situation. Et je ne vois pas pourquoi les mêmes causes n'entraîneraient pas les mêmes effets : le retour de la pratique des avortements clandestins et possiblement dangereux, douloureux, voire mortels. Comment imaginer que cela va tourner autrement, si l'accès à un IVG médicalisé n'est pas garanti ?
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Isabelle Alonso - Le 06/05/2020 à 10:42
Oui, tout ça est très angoissant. Et comme toujours ce sont les plus pauvres qui paierons le plus cher.
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Bruno - Le 06/05/2020 à 08:49
Les droits sont toujours fragiles, les pouvoirs toujours prêts à les remettre en cause. Les droits des femmes, à peine gagnés étaient déjà remis en cause. La réponse du ministre est indigne, ne pas considérer que c'est une urgence
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Isabelle Alonso - Le 06/05/2020 à 10:43
Oui, la réponse est d'un cynisme inouï.
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Angel - Le 06/05/2020 à 20:24
Au Québec, l'avortement est un soin essentiel avec ou sans crise. C'est un acte médical gratuit et accessible en tout temps, autrement dit, peu importe l'avancement de la grossesse. Dirigeants français, inspirez-en vous !
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Isabelle Alonso - Le 07/05/2020 à 12:46
C'est à dire que les femmes y sont traitées en adultes.
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