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Prostitution : un travail comme les autres ?

par Sporenda

« Dans le passé, le mouvement féministe comprenait que le choix d’être battue par un homme pour assurer sa survie économique n’était pas un vrai choix, malgré l’apparence de consentement fournie par un contrat de mariage. Et pourtant, actuellement, nous sommes censées croire, au nom du féminisme, que le choix d’être baisée par des centaines d’hommes pour assurer sa survie économique doit être considéré comme un vrai choix et que si la femme y consent, c’est sans qu’il y ait aucune coercition à l’œuvre. » Katherine McKinnon, « Libéralisme et mort du féminisme »

1) La majorité des « travailleuses comme les autres » n’ont pas été victime d’inceste ou d’abus sexuel étant mineures. Environ 80% des prostituées en ont été victimes et sont ainsi conditionnées à accepter sexuellement l’inacceptable. « La prostituée d’aujourd’hui est souvent l’enfant ou l’adolescente abusée d’hier. »

2) Les TCLA ne risquent pas quotidiennement d’être contaminées par des MST ou par le virus du SIDA—suite à des rapports non protégés demandés fréquemment (et payés plus cher) par les clients.

3) Les TCLA gardent pour elles l’argent qu’elles gagnent. La majorité des prostituées-entre 80 et 90 %—donnent la plus grande partie de leurs gains à leur proxénète.

4) La majorité des TCLA ne veulent pas changer de job aussi rapidement que possible. Selon une enquête faite auprès de 500 prostituées dans 5 pays différents, 92% d’entre elles souhaitaient échapper immédiatement à la prostitution si elles en avaient la possibilité économique.

5) Les TCLA peuvent quitter leur job si elles le souhaitent. La majorité des prostituées sont maintenues de force dans la prostitution par leur proxénète ou parce qu’elles n’ont aucune autre option économique. « Toute prostitution est forcée, nous ne mènerions pas cette vie si nous avions la possibilité de la quitter. »

6) Le taux de mortalité des TCLA n’est pas 40 fois supérieur à la moyenne nationale (1).

7) Les TCLA ne commencent pas à travailler à 13 ans, âge moyen d’entrée dans la prostitution. « La prostituée entrée mineure dans la prostitution ne fait pas un libre choix de carrière à 18 ans, elle continue à être exploitée par les proxénètes et les clients. »

8) La majorité des TCLA ne souffrent pas de SSPT (Syndrôme de Stress Post-Traumatique : ensemble de symptômes—anxiété, dépression, insomnies, cauchemars récurrents, dissociation psychique, pulsions suicidaires, troubles sexuels etc.—qui affecte aussi les anciens combattants, les victimes de torture, de viol et les femmes battues.) Selon une enquête, 67% des femmes prostituées en souffrent. « La prostitution, légalisée ou non, est intrinsèquement traumatisante. »

9) Les TCLA n’ont pas besoin d’utiliser drogues ou alcool pour faire leur travail. Plus de la moitié des prostituées sont toxicomanes et l’utilisation fréquente de médicaments ou d’alcool pour se désensibiliser est courante.

10) Les TCLA n’ont pas besoin de cacher leur métier à leurs enfants et à leur entourage.

11) Les TCLA sont employées par des entreprises qui respectent les lois, pénales et sociales. La majorité des prostituées « travaillent » dans des conditions effarantes pour le compte de criminels et/ou de réseaux mafieux.

12) La majorité des TCLA résident légalement dans leur pays de résidence et leur passeport ne leur est pas confisqué par leur patron. « 80% des femmes dans les maisons hollandaises ont fait l’objet d’un trafic vers l’étranger. »

13) Les TCLA ne sont pas vendues comme du bétail à des proxénètes -pour quelques milliers d’Euros la fille en Europe de l’Est.

14) Les patrons des TCLA ne les forcent pas à travailler en les battant et en les violant. Leur formation professionnelle ne consiste pas à être violées et battues à répétition, ce qui constitue l’essentiel du « dressage » des prostituées. « Dans la prostitution, le client a des rapports avec une femme contre sa volonté mais il délègue la violence et l’intimidation au proxénète. » (2)

15) Les TCLA ne sont pas régulièrement agressées, violées, insultées et humiliées par leur clients. Les clients des TCLA ne leur jettent par leur salaire par terre pour les humilier en les forçant à se baisser pour le ramasser (3).

16) Les TCLA ne se recrutent pas presque uniquement parmi les catégories sociales les plus défavorisées et/ou les immigrées. « La prostitution se situe au confluent du sexisme, du racisme et des discriminations économiques. » (4)

17) Les TCLA ne vont pas au travail avec la peur au ventre-peur d’être agressée, violée, arrêtée, volée, contaminée.

18) Les TCLA utilisent leur force physique ou leur intellect pour accomplir une tâche, elles ne vivent pas de la location de trois de leurs orifices à des centaines de pénis. Une ouvrière vend le travail de ses bras, elle ne vend pas ses bras.

19) Les TCLA peuvent utiliser leurs organes sexuels pour leur propre plaisir. Pour une personne prostituée qui subit plusieurs dizaines de pénétrations non désirées par jour, un pénis est un instrument d’agression et la notion de plaisir sexuel n’a pas de sens.

20) « Sale ouvrière » ou « sale vendeuse » n’est pas une insulte. « Sale pute » en est une.

1) Selon une enquête US. 2) Joe Parker, "How Prostitution Works." 3) D’après un sondage, 87% des prostituées anglaises ont été victimes de violences dans les 12 derniers mois. Un sondage en Norvège donne le chiffre de 73%. Selon une étude US sur les survivantes de la prostitution, 78% ont été victimes de viol de la part de clients ou de proxénètes, 84% ont été sévèrement battues, 49% ont été enlevées ou séquestrées, 53% ont été victimes de tortures, 27% ont été blessées gravement ou mutilées. 4) Toutes les citations figurant en italiques sont extraites du remarquable dossier prostitution du site féministe canadien Sisyphe.
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09
Fév 01


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