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Pipi dans les étoiles

Le 18 septembre 2002, "On a tout essayé", on reçoit Patrick Baudry, spationaute. C’est à dire cosmonaute, mais français. Il a écrit un livre qui s’appelle "Le rêve et l’espace". Un livre super luxueux, au moins trois kilos de papier glacé, avec plein de photos prises depuis la stratosphère, et aussi avec des citations et du texte qui parle des étoiles, des comètes, des planètes et toutes ces choses qui nous rapprochent de l’infini, de l’absolu... C’est beau, c’est émouvant, c’est féérique.


Il a vu la Terre de là haut, là où on ne distingue pas les frontières, où le monde paraît si petit et les guerres si absurdes.... Il nous parle de son aventure dans l’espace, de ce métier qui donne de la distance vis à vis des choses d’ici bas... Il mesure sa chance de faire partie de ceux, peu nombreux, qui ont connu cette sensation inouïe... Parmi eux, quelques femmes, et, précise t’il, pour elles, c’est encore plus dur...


J’interviens à ce moment là pour préciser que ce qui est plus dur pour les femmes c’est d’arriver à se faire sélectionner par des structures traditionnellement discriminatoires vis à vis des femmes. Je précise cette évidence pour que les petites qui écoutent n’aillent pas penser que quelque chose dans la féminité est incompatible avec l’espace, on ne sait jamais... Paul Baudry répond qu’effectivement, les femmes doivent s’imposer face à un certain archaïsme des mentalités.


Et, ajoute t-il, de toutes façons, c’est quand même plus difficile pour les femmes...




Nous étions la tête dans les étoiles, loin, loin, là-haut où on sait relativiser les choses et nous voilà brutalement confrontés à cette terrible constatation : sans tuyau pour faire pipi, les plus hautes tâches se compliquent ! Comment voulez vous sérieusement envisager la vie en apesanteur sans les douze centimètres de petite viande cylindrique qui favorisent les voyages intergalactiques !


La totalité de tout le matériel nécessaire au voyage dans l’espace est bien évidemment conçu en fonction de corps humain. Mais au moment de déterminer ce qu’est un corps humain, la difficulté reste d’arriver à intégrer l’idée que le corps humain se décline en DEUX modèles, et non pas en un seul auquel l’autre devrait s’adapter. Paul Baudry, du haut de son expérience, nous assène que pour s’envoyer en l’air dans l’espace, mieux vaut avoir un zizi qu’une foufoune. L’incapacité des décideurs à penser en termes mixtes lui échappant totalement, il nous la présente comme une lacune biologique des femmes. Et le tour est joué !


Isabelle Mergault, qui chronique avec moi, aura le mot de la fin, que je vous livre pour votre réflexion personnelle, et qui résume bien la complexité de la situation : "Et pour caca ? On est à égalité ?"

06
Sep 02


Pipi dans les étoiles


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