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Matin de mai

Samedi, place Colette, à deux pas du Palais Royal, de la Comédie Française et du Conseil Constitutionnel, nous étions à peu près 200. Il faisait un temps parfaitement délicieux, le genre de temps qui met de bonne humeur et il fallait bien ça. Prise de parole, sono approximative peinant à couvrir le bruit de la circulation, bonnes blagues, retrouvailles avec les filles qu'on ne voit qu'aux manifs, la routine, quoi... La dernière fois que j'ai manifesté à cet endroit, c'était pour la règle d'accord de proximité en grammaire: "Elles et ils sont belles!", le 6mars. A l'époque, on m'a beaucoup dit, comme pour la suppression de "Mademoiselle" dans les formulaires administratifs, qu'il y avait des causes plus importantes, qu'on faisiat du bruit pour pas grand chose, qu'il y avait plus urgent... Les pénibles qui tiennent ce genre de propos n'étaient évidemment pas là samedi. Et pourtant, on était dans l'urgent, l'important, le scandaleux et même le dégueulasse. On était dans le machisme institutionnel, dans le déni de justice et dans le droit de cuissage confirmé. C'était grave, très grave. Mais nous, on était toujours le même nombre, et on en était encore à avoir le sentiment de hurler dans le désert. Puis une voix s'est élevé. Est-il utile de préciser que c'était une voix masculine et que le féminisme est aussi l'affaire des hommes? Sans doute. Cet homme suggère: "Et si on allait porter plainte contre le Conseil Constitutionnel?". Aussitôt dit, aussitôt fait: le cortège prend le chemin du commissariat du 1er arrondissement, place du marché Saint Honoré.  La suite est dans la presse du weekend: la plainte a été déposée. C'est la première fois dans l'Histoire de la République qu'on porte plainte contre le Conseil Constitutionnel. J'ai reçu beaucoup de messages me demandant comment agir  concrètement. Il se trouve qu'on peut porter plainte individuellement, et peser ainsi sur la suite des évènements. Vous trouverez la procédure à suivre sur le  site de l'AVFT.

Samedi, quand ce fut terminé, que la Présidente de l'AVFT était sortie du commissariat avec la plainte à la main, que tout le monde regagnait ses pénates, j'ai marché seule dans Paris avec la sensation de légèreté et de contentement que donne le sentiment d'avoir fait quelque chose et de l'avoir fait avec les autres. Heureuse de vivre. Et les élections n'y étaient encore pour rien.

iA!
 

07
Mai 12


Matin de mai


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Franck Girard - Le 07/05/2012 à 21:49

François Hollande a promis une loi de remplacement : il ne faudra pas oublier de le lui rappeler si nécessaire. Je vous fais confiance pour y veiller . Je suis à vos côtés.


David le Tourangeau - Le 07/05/2012 à 20:54

Coucou C'est quand même fou de ne pas avoir prévu une loi de remplacement. Ca veut dire que les futurs plaintes n'aboutiront pas tant qu'il n'y aura pas de nouvelle loi ?


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