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La douceur est une forme de lutte

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Lundi soir 3 octobre, à l'Olympia, assise dans le noir, j'attends le début du spectacle. Ce soir, Isabelle Aubret vient chanter. Elle apparaît, d'abord par la voix, intacte, puis par la silhouette, frêle, lumineuse. Au fur et à mesure que les chansons se succèdent, certaines intemporelles, dont on a le sentiment qu'elles existaient avant elle et qu'elles existeront quand aucun-e d'être nous ne sera plus là pour les entendre, et d'autres, toutes neuves et très belles, je me sens submergée par une telle émotion, que j'en viens à tâtonner à l'aveugle dans mon sac, à la recherche du kleenex salvateur.

imagesEt je me demande, au delà de la qualité de ce que je vois et entend, quelle est la source de mon bouleversement. Que vois-je en elle, qu'incarne-t-elle qui provoque cette douce tristesse, ce sentiment d'appartenance, de bien commun, de précieux partage ? Isabelle Aubret, fille du Nord et de cette classe ouvrière dont on disait naguère qu'elle irait au paradis et dont on dit désormais qu'elle n'existe plus, m'a fait penser à Cesaria Evora, autre grande voix de résistance et de Unknownnostalgie, qui chante que: "la douceur est une forme de lutte". Esprit de lutte. Insoumission.

Douceur qui plie et ne rompt pas. Qui fait face à la violence et ne lui répond pas. Qui maintient le monde en marche. La vie est en état d'urgence, il faut que les enfants mangent, qu'ils dorment, qu'ils croient que le monde est beau...

Douceur des femmes debout.

Unknown-1Résistance de la candle in the wind, la bougie dans le vent chantée par Elton John pour Marylin, et qui vaut pour tant de formes de ténacité. Flamme qui parfois semble s'éteindre, étouffée, mais qui renaît des défaites et des désillusions, suspend sa lueur au coeur de l'obscurité, et nous emporte sur ses ailes rouges vers le temps des cerises, des utopies, de tout ce qui fait rêver à un monde plus libre, plus beau, plus généreux. Plus aimant.

Dans le même sillon d'artistes qu'Aubret, d'autres grandes soeurs, GrécoSylvestre, sans oublier l'insolente Fontaine,éclairent le chemin et tant que leurs voix résonneront, nous saurons que la révolte est immortelle. Quelque chose de vrai, de grand, ne sera ni tout à fait perdu, ni oublié. La fierté et l'honneur des opprimé-e-s, lecourage des rebelles, la beauté de l'insoumission.

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   Je crois que c'est ça qui m'a fait monter les larmes aux yeux, l'autre soir, à l'Olympia. Des larmes pas tristes, du tout. Merci Isabelle.

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Oct 16


La douceur est une forme de lutte


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Jeannedau - Le 22/10/2016 à 13:56

Parce que je viens de vous découvrir, même racines. Merci Isabelle.


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