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Isoloir

Marre de cette campagne. Pas envie de m’étendre sur mes incertitudes, mes questions, mes craintes, mon absolue désolation. Pas envie de récolter un surplus de considérations pas hyper bienveillantes sur mes supposées inculture politique, inconscience, et peut être même connerie, dont j’ai été gratifiée suite à mon texte précédent, écrit à chaud, post premier tour.

Marre, donc. Je n’ai pas regardé ZE débat, mercredi soir. Y avait Edgar Morin sur la 5, chez Busnel, et je me suis dit que ça me ferait du bien de voir étinceler de l’intelligence, pétiller de la pensée. J’avais raison. Ça fait un bien fou. La Grande Librairie, c’était moins long que le débat, je suis allée en regarder un petit moment. Le Pen, presque intimidée, Macron parfaitement arrogant. J’ai éteint. 

On a un Président sortant qui n’a finalement débattu qu’avec l’extrême droite (avec qui, rappelons-le, Chirac, lui, avait refusé de débattre) après avoir passé son quinquennat à banaliser le discours et les thématiques de LePen. 

Faudrait que je donne ma voix, ma précieuse voix pour qui j’ai un respect infini, (on a eu assez de mal à le décrocher, ce foutu droit de vote, nous les meufs), il faudrait, donc, que je la brade. Que je la refile pour même pas un plat de lentilles ? Parce que Môssieu Macron veut une bonne grosse victoire bien écrasante pour pouvoir continuer à nous piétiner pendant les cinq ans qui viennent en se réclamant de « ce pour quoi vous m’avez élu », comme il l’a fait pendant les cinq dernières ? Déjà en 2017 on ne t’a élu que comme barrage. Piteux, d’ailleurs, le barrage, en termes d’efficacité… J’y étais allée à reculons parce que je me doutais que ni droite ni gauche ça voulait dire droite, et faux cul en plus. 

Sauf que j’ai peur de Le Pen. Et pour de solides raisons. Assez pour me faire basculer. En plus de son funeste programme, elle a autour d’elle, depuis toujours, les mêmes nervis qui entouraient déjà son papa. La violence fait partie du package. Il n’y a pas d’extrême droite sans casseurs de gueule. Le Pen ne fait pas exception. Evidemment, pour l’instant, elle les planque. Elle essaie. Comme elle planque ses intentions dans un discours doucereux. Mais il suffit de vérifier les décisions qu’elle a votées au Parlement Européen pour savoir où elle en est. 

L’extrême droite, c’est sa famille à elle. Et dans ma famille à moi, on connait. Et on n’oublie pas. On n’oubliera jamais. Et on a bien transmis l’histoire aux générations suivantes. La mémoire est le vrai pays des exilés. 

Ce que je ferai dimanche, je n’en sais encore rien. Enfin si. Je vais accomplir scrupuleusement mon devoir citoyen, je vais aller dans l’isoloir. Je vais faire ce que je considèrerai le moins calamiteux, ou le plus efficace. Et je le garderai pour moi.

Le temps n’est pas à la fête. Pas encore. 

Dans pas longtemps, les législatives… 

22
Avr 22


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SPORENDA - Le 22/04/2022 à 21:19

Je plussoie: c'est un dilemme torturant de choisir entre Le Pen et le grand lepénisateur. Comme je l'ai dit ailleurs, plus longtemps Macron sera au pouvoir, plus il convertira d'électeurs/trices au lepénisme, par son saccage néo-libéral systématique de nos acquis sociaux (c'est pour remplir cette mission qu'il a été financé par ceux qui ont sponsorisé sa 1ère campagne). Et réfléchissons à l'image du "barrage": plus on fait barrage, plus l'eau monte. Le fascisme est terrible, mais ceux qui sont ses "enablers", ceux qui créent les conditions idéales pour qu'il prospère et se propage dans la population comme un virus, sont les vrais responsables de sa propagation.


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