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Grande classe

AVERTISSEMENT: La personne avec qui j'ai échangé, à l'automne 2013, les tweets reproduits ci-après a désiré, en juin 2014, que j'enlève son nom. Je le remplace donc, pour une lisibilité préservée, par "MrX".

Le 21 novembre, suite à une info trouvée dans la presse écrite, je tweete ceci :

« L'Eglise anglicane refuse finalement les femmes évêques. Ouf! On l'a échappé belle.... Le Vatican n'a pas bougé une couille ».

Il s’ensuit le dialogue suivant, avec MrX, Prêtre du diocèse de G.V.

MrX RT ‪@IsAlonsofficiel "L'Eglise anglicane refuse les femmes évêques. Le Vatican n'a pas bougé une couille." La grande classe. ‪#Féministe

IsAlonsofficiel à MrX "Couille" vous gêne? Pourtant, sans "duos et bene pendentes" formule vaticanesque, pas de Pape. Ça, c'est la grande classe! :-)

MrX à  ‪@IsAlonsofficiel Justement ! Toute l'élégance consiste à parler des choses sans les nommer...

 ‪@IsAlonsofficiel  à MrX...et laisser mourir une femme plutôt que de procéder à l'avortement qui la sauverait, c'est élégant ou il y a un autre mot?

MrX à  ‪@IsAlonsofficiel Je ne vois pas le rapport. Cependant je vous conseille d'écouter les 2 sons de cloches : ‪http://www.youthdefence.ie/latest-news/the-tragic-loss-of-savita-halappanavars-life-was-not-caused-by-irelands-ban-on-abortion/ …

Pourquoi vous faire profiter de cet échange ?

D’abord parce qu’il m’a fait rire : pour l’ecclésiastique, qui prend la peine de me répondre et que je remercie pour cela, la question est une affaire de « classe », d’élégance, de politesse, quoi… Il ne voit pas le rapport avec l'attitude générale de l'Église vis-à-vis des femmes.

Ensuite parce qu’il illustre bien la fonction des mots dans le maintien du statu quo entre sexes. Injustice et abus de pouvoir se maintiennent entre autres parce que les remettre en cause, c’est pas poli, figurez vous. Pas joli. Le temps n’est pas si lointain où on inculquait aux jeunes filles les bonnes manières. Dentelles, ombrelle, regard baissé, langage châtié, prison pour femme. Toute tentative d’évasion se payait cher, très cher. Peine de mort sociale. Mais avec classe et discrétion. A l’époque une fille n’aurait pas dit couille. Pour peu qu’elle ait reçu la « bonne » éducation, elle ne découvrait la réalité de terrain qu’au soir de ses noces. C’était le bon temps.

Le monde a changé. Puis, au détour d’un tweet, l’argument réapparait. On ne juge pas de la chose, mais du mot employé pour la décrire. Le mot couille n’est pas  «classe». En revanche des hommes qui se réunissent pour déterminer si une femme a le droit de faire ce qu’eux mêmes font depuis des siècles, ça, c’est classe ! Suprêmement élégant, je dirais. Les anglicans, disons-le, je m’en tamponne le coquillard avec un tibia de langouste comme dit une de mes amies, pas classe pour un sou.

Ce qui me chiffonne, moi, c’est que partout, tous les jours, dans toutes les instances de pouvoir politique, économique, culturel, des hommes réunis entre eux, en conclaves, parlements, assemblées, congrès, commissions et autres nids propices, décident pour nous. Notre vie, ce que nous faisons ou pas, ce à quoi nous avons accès ou pas, nos droits, tout a été et est encore, décidé par les patriarches.

Et on nous fait encore le coup des femmes « incompétentes » qui usurperaient l'espace dégagé par l’application des lois sur la parité. Depuis des siècles, des hommes, compétents ou incompétents, doivent leur situation à la confiscation pure et simple du territoire qui nous revient de droit. Super classe, faut reconnaître…

iA

 

 

08
Déc 12


Grande classe


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Bertrand - Le 07/06/2014 à 23:01

Merci beaucoup ! Et bonne finale de Roland-Garros.


Bertrand - Le 06/06/2014 à 13:26

Chère Madame Alonso, je découvre par hasard cette page qui m'est consacrée. Vous avez bien sûr la liberté de défendre votre point de vue, mais sans mettre en cause d'autres personnes. La loi "Informatique et libertés" vous oblige, si je vous en fais la demande, de retirer mon nom de cette page. Je vous le demande donc officiellement. Vous pouvez bien sûr laisser tous les arguments que vous voulez, mais de manière anonyme. Merci par avance. Si cela n'est pas fait d'ici quelques jours, il faudra que je dépose une plainte à la CNIL.

Isabelle Alonso - Le 06/06/2014 à 13:59

Cher Monsieur, Je n'ai fait que reproduire ici un échange de tweet, dont certains publiés par vous même. Je ne connais pas d'autre nom pour vous que celui que vous avez publié vous même. Je ne comprends donc pas bien votre requête. Cette page ne vous est d'ailleurs pas consacrée, elle est consacrée à l'Église Catholique.



Bertrand - Le 07/06/2014 à 13:30

Chère Madame, vous trouverez à l'adresse https://db.tt/WNk8fnoB une lettre que j'ai faite sur le modèle donné par la CNIL pour vous demander ce retrait. Le délai légal est de deux mois avant que je ne doive déposer une plaine à la CNIL. Vous pouvez avoir plus de détails sur la loi à la page http://www.cnil.fr/linstitution/actualite/article/article/comment-effacer-des-informations-me-concernant-sur-un-moteur-de-recherche/ Merci par avance.

Isabelle Alonso - Le 07/06/2014 à 14:27

Cher Monsieur, Ne montez pas sur vos grands chevaux! CNIL ou pas, je m'en voudrais de vous être désagréable, je n'ai rien contre vous même si je ne partage pas vos opinions. Vous n'assumez pas vos propres propos, c'est votre choix et je n'y vois aucun inconvénient. Je ne comprends pas ce qui vous gêne, mais peut être me l'expliquerez vous, pour ma gouverne. Sincèrement, ça m'intéresse. Vous voulez simplement que j'enlève votre nom, c'est ça? Et bien c'est fait! J'ai aussi enlevé la référence géographique qui aurait pu permettre de vous identifier. Vous voici anonyme. Je remarquerai simplement que c'est vous qui avez pris, par un retweet, l'initiative de cet échange. Excusez moi de vous avoir considéré comme un interlocuteur. I should have known better. Avec mes salutations les plus vaticanes.



Bertrand - Le 07/06/2014 à 17:02

Chère Madame, je vous remercie de votre promptitude. Je ne trouvais pas très équilibré le fait que la recherche Google de mon nom donnait votre page comme deuxième ou troisième choix. Il faut bien comprendre que sur Internet, il y a des "terrains neutres" (Twitter ou Facebook par exemple) : je ne renie rien de ce que j'ai écrit sur ce terrain neutre. Mais il y a aussi des terrains "engagés", dont votre blog. Et que vous le vouliez ou non, attaquer quelqu'un nommément sur un blog met les rieurs d'un seul côté, car vos lecteurs sont a priori conquis à vos idées. La personne mise en cause ne peut absolument pas se défendre sur ce terrain. Je vous promets que si un jour je vous cite sur mon blog, je vous demanderai au préalable l'autorisation (...sauf que je n'ai pas de blog).

Isabelle Alonso - Le 07/06/2014 à 17:18

Ah, ok, je comprends maintenant. Je n’avais pas conscience de l’impact de mon blog! Mais il me fait plaisir! Je comprends parfaitement que ça n’ait pas été agréable pour vous, sachez simplement qu’il n’y avait rien de délibéré de ma part. Je n’ai jamais eu l’intention de vous attaquer, je me suis contentée de répondre à ce « grande classe » dont vous m’aviez affublée. Ce qui, vous en conviendrez, n’avait rien de flatteur! Cordialement, iA



Bertrand - Le 07/06/2014 à 17:06

Bon, allez, je vais être emm... jusqu'au bout, et j'en suis navré : les liens de "MrX" renvoient toujours à mon profil Twitter. Encore un petit effort ? Merci.

Isabelle Alonso - Le 07/06/2014 à 17:18

Je crois que c'est fait cette fois ci, vérifiez. J'ai l'impression de passer l'après midi avec Sharapova, Halep… et vous!



Églantine - Le 08/01/2013 à 11:09

Chère Isabelle, Pourriez-vous me contacter s'il vous plaît? Je cherche un moyen de vous joindre car je suis depuis longtemps vos écrits et vos prises de position, que je partage quasiment toujours. Je suis chercheuse, enseignante à l'université, et je viens de publier un livre, qui s'appelle "Le curé est une femme", sur l'ordination des femmes à la prêtrise (avec l'exemple de l'Église d'Angleterre justement). J'aimerais beaucoup échanger avec vous sur ces questions et j'essaie d'avoir une petite visibilité médiatique car la question de la place des femmes dans la sphère religieuse est fondamentale et touche à l'ancrage le plus profond de la domination masculine (et donc le plus difficile à déconstruire), mais c'est bien difficile! Accepteriez-vous de m'aider?? Un immense merci féministe d'avance! Églantine

Isabelle Alonso - Le 12/01/2013 à 12:31

Le religion, les religions devrais-je dire sont aux femmes ce que le raticide est aux rongeurs. Un poison. Fatal. A mon sens, les femmes devraient s'en éloigner. Ce qui ne signifie pas qu'elles renoncent à leurs choix spirituels, mais qu'elles en fassent une question intime, déconnectée des rites et des diktats imaginés par des obsédés du contrôle et de la répression, éternels persécuteurs du féminin. Vous aider? Je ne demande pas mieux! Comment?



sporenda - Le 08/12/2012 à 19:42

Il serait surprenant que le Vatican "bouge une couille" et condamne le sexisme de l'église anglicane, puisque celle-ci ne fait que suivre l'exemple du Vatican pour ce qui est de la misogynie institutionnalisée et de l'interdiction aux femmes d'accéder à la prêtrise. L'expression utilisée par Isabelle n'est jugée grossière que parce qu'elle ne fait qu'énoncer crument une vérité fondamentale que certains préfèrent discrètement occulter: dans l'église catholique, l'accès à la prêtrise n'est pas basé sur l'excellence en matière de théologie, de savoir, de spiritualité, de charité ou de compétence administrative; si c'était le cas, les femmes auraient été désignées à la tête de paroisses ou d'évêchés depuis longtemps. Non, la condition nécessaire et suffisante aux yeux du Vatican pour être prêtre, c'est bel et bien...de posséder une paire de couilles. C'est ça qui est vraiment le comble de la grossièreté: que ce qui autorise à parler au nom de Dieu, ça soit uniquement la possession d'un appareil génital masculin. En fait, cette façon qu'ont les dignitaires catholiques de ramener le service de Dieu à une question de couilles--tout ça pour garder le pouvoir-- c'est plus que grossier, c'est obscène.


Annie Jourdain - Le 01/06/2013 à 18:49

Ah bon? Je croyais que les anglicanes pouvaient être évêques. Un nombre de messieurs anglicans étaient en effet revenus à l'église catholique avec la bénédiction de Benoît XVI à la nouvelle que leurs consoeurs allaient avoir les même promotions qu'eux. Si êtes angliciste, il y a régulièrement des réunions de femmes catholiques anglosaxones qui se battent pour le mariage des prêtres et l'accès des femmes à la prêtrise. Les Musulmanes aussi se mettent à réinterpréter le Coran. L'Esprit souffle et c'est divin. Annie


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