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Dix jours après

slide_463988_6279410_freeOn a déjà vécu ça. Twin towers, Atocha, Londres, Marathon de Boston. Mais cette fois ça se passe chez nous, à la maison. Les lieux nommés, on les connait, on les fréquente. Ça résonne différemment.

D'abord, la sidération, les images en boucle, les heures devant l'écran comme si éteindre c'était trahir, comme si un fil invisible qui ne doit pas se rompre nous reliait aux gens piégés dans la salle de spectacle.

Ensuite, l'alarme due à la proximité. Les coups de fil. Tu es chez toi? Tout va bien? Et le soulagement un peu lâche quand on est certaine que les très proches sont en sécurité.

imagesPuis les larmes des nerfs qui craquent, de la rage, de l'impuissance. De l'empathie pour ceux qui meurent et ceux qu'ils laissent anéantis. Autant de vies bousillées. L'insupportable pouvoir de la violence.

Enfin, comme un baume, l'extraordinaire contagion qui colore de bleu-blanc-rouge les monuments emblématiques des métropoles. Les Marseillaises entonnées à travers le monde avec tous les accents. La Tour Eiffel entrelacée du signe de la paix. De New York à Rio, de Londres à Tokyo, de Sydney à Berlin, de Toronto à Buenos Aires, de Madrid à Los Angeles et j'en passe, on soutient notre pays comme aucun autre. Il y a eu des solidarités diverses, mais jamais elles n'ont pris cette forme, cette force qu'on avait déjà sentie en janvier, après Charlie.

Ce qu'on a salué à travers les continents, c'est sans doute un mode de vie devenu un art de vivre, un rapport au plaisir, à la culture, à l'épicurisme. Mais pas seulement. Au delà, on a surtout célébré cette part de France que chacun-e, sous toutes les latitudes, porte en soi. Ce que le mot France évoque  à travers le monde. Un jeu de symboles plus chargé qu'une kalach et autrement puissant: les Lumières, la Révolution, la liberté, les droits humains, l'ouverture d'esprit, l'hospitalité. L'espoir. L'Universalité des valeurs de la République Française. Notre drapeau ne marque pas seulement un territoire limité à ses frontières, il s'élargit aux dimensions de la planète, affirme ces principes qui valent pour tou-te-s et que chacun-e s'approprie. Les autres, les étrangers, les pas français, nous rappellent que nous restons ce petit pays qui a su éclairer le monde.

UnknownAux déclinistes, aux pessimistes, aux nationalistes, aux nostalgiques du colonialisme, opposons ces images tricolores qui affirment ce pour quoi se sont tant battu les générations précédentes. Le frisson, les larmes qui montent aux yeux au spectacle de ces hommages, sont de fierté, de mémoire, de résistance. Notre héritage et notre honneur. Et ça, personne ne peut nous l'enlever.

Au 19ème siècle, un auteur oublié, Henri de Bornier, fait dire à un de ses personnages: "Tout homme a deux pays, le sien et puis la France". Il faut croire que c'est vrai. Et ça fait du bien.

 

 

23
Nov 15


Dix jours après


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SIMONNET Angèle - Le 23/11/2015 à 17:20

Merci Isabelle....encore des mots qui font du bien....une semaine après il était difficile de participer à un concert de rock (pour moi c'était The Deans à Sainté) comment ne pas penser à tout ce qui s'était passé pendant la semaine....Les artistes (Irlandais) étaient visiblement émus et nous ont offert une prestation du tonnerre de dieu... oui la France est universaliste, humaniste et laïque avant tout....Paris n'est pas ma ville ...elle est Ma Capitale... le Mali n'est pas mon pays, mais je suis tout autant attristée.... et la liste serait longue.....malheureusement longue....mais nous ne sommes pas résigné-e-s et nous ferons chacun-e à notre façon, selon nos moyens que le monde tourne rond...ou à peu près.... bien à toi, Angèle


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