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Bonne année !

poutch2017Je ne résiste pas au plaisir de faire appel à mon cher Puig Rosado, alias Poutch, pour illustrer mes voeux. Il m'envoya ce dessin pour 2013, j'ai juste changé le chiffre. Ces cuistots qui jouent du violon sur du PataNegra représentent l'abondance et l'harmonie que je nous souhaite à tou-te-s pour 2017.

imagesDepuis le 2 janvier, terrassée au fond de mon lit par une grippe inattendue, tant je suis habituée à passer entre ce genre de gouttes, j'ai eu tout le temps de méditer . À trente neuf de fièvre on ne sait plus si ce qu'on perçoit de la réalité tient plus de la surchauffe corporelle que d'une observation objective du monde tel qu'il va... Mais quand même, ça sent le roussi, non?  La testostérone triomphante ! Le mâle alpha en plein délire, et aux manettes! Entre Trump, Poutine, Erdogan, Rohani, el-Assad (entre autres...), le concours de bites est planétaire, avec les fondamentalistes religieux en poum-poum boys...

J'ai beau ne pas mettre mes lentilles le matin pour garder au monde un flou apaisant, j'ai l'optimisme en berne. A mesure que les dangers se précisent, les ambitions se recroquevillent. On finit par juste désirer que la situation ne s'aggrave pas alors que les alertes rouges clignotent tous azimuts. Sale temps pour les femmes. Sale temps pour les filles.

imagesDu coup, nos mâles hexagonaux sont tellement tièdes qu'ils finissent par paraitre sinon rassurants du moins inoffensifs, avec leur pantomime et leurs gesticulations. Tous les cinq ans, ils jouent des coudes, (moi! moi!) se pressent sur la scène de leur petit théâtre, et rejouent la pièce. Suspense côté cour: Sarko? Juppé? Noooon! Fillon! Ça alors, mais c'est que ça change tout! Et division côté jardin,  Macron, Mélenchon et une palanquée d'éléphants, plus on est de fous plus on est sûrs de perdre, youpi! Jouant les figurantes, chacune son strapontin, deux grandes gagnantes au jeu de la parité, NKM et Sylvia Pinel (- Qui? -Sylvia Pinel! -C'est qui? - On s'en fout, y en fallait une, y en a une).

Ça s'appelle les primaires et il parait que ça rend tout le tintouin plus démocratique. Ah bon. Plus démocratique en quoi? Plus démocratique, plus comme les Américains, quoi! Ah d'accord. Plus susceptible de se retrouver avec un prez élu avec deux millions de voix de moins que la perdante, voilà, voilà... Une vraie leçon.

Mais, me dis-je par devers moi, ce qui rendrait le truc plus démocratique, enfin pour commencer, pour poser les bases d'une république digne de ce nom, ça serait déjà de respecter la loi, non? En juillet 1999, une loi constitutionnelle a consacré le principe de « l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives ». Cette loi est encore communément appelée "loi de la parité" dans les média. Que peut on attendre, d'un point de vue strictement démocratique, de partis et d'hommes politiques qui ne s'appliquent pas à eux mêmes les lois qu'ils ont voté eux mêmes? La réponse est dans la question.

Unknown-1Juste avant les fêtes, l'affaire Sauvage et la grâce présidentielle subséquente entrainait un choeur émouvant, de droite à gauche, dénonçant les "violences faites aux femmes". En juxtaposant ces deux constatations, primaires et grâce, on en vient à se dire que, si l'esprit et les idées du personnel politique qui nous gouverne, (et aussi des journalistes, des intellectuels, etc...) était une maison, la question des femmes, de leurs droits et de leurs libertés, serait non pas le salon, ni une chambre, ni même la cuisine (!), ni un escalier ou le grenier. Non. Ça serait un débarras, le genre de toute petite pièce, à peine plus grande qu'un placard, sans fenêtre et chichement éclairée, le genre d'endroit dont on ne peut pas se passer parce qu'on y accumule tout ce qui fait désordre, mais qu'on tient fermée pour maintenir la maison rangée. On ne s'y installe pas, on n'y reste pas, on n'y vit pas. On ne la décore pas. C'est un appendice, une dépendance dont il n'y a pas lieu de se soucier. Une anecdote hors plan.

UnknownSauf que dans la réalité, les droits des femmes, n'est pas un cagibi. Pas un débarras. Pas un placard à balais. Ça, c'est dans leur pauvre tête. Les droits (ou le non-droit, ça revient au même) des femmes, est la structure même de tout l'édifice. Les fondations. Les poutres maîtresses. La toiture et les canalisations. La maison des hommes est faite du contrôle des droits des femmes, leur définition, leur aménagement, leurs limites, leur négation, leurs conditions ou leur négation. Toute la bâtisse est construite dessus. Les hommes profitent du total confort qu'elle leur assure. C'est la seule forme de maison qu'ils aient jamais connue. Ils pérorent dans le salon. Monsieur est servi. On emploie souvent l'expression "un monde fait par les hommes et pour les hommes", mais s'arrête on vraiment à ce que ça veut dire? Ça veut dire que le système roule pour eux. Ils n'ont même pas besoin d'en avoir conscience. Un vrai privilège. De naissance. Garanti par les institutions et maintenu par la violence.

Le-Corbusier-la-maison-des-hommes-philippe-pannetierLes femmes elles mêmes n'ont pas conscience que cette violence dont elles ressentent les effets dans leur vie de tous les jours n'est pas un ordre naturel, ni éternel, mais une organisation qu'on n'a aucune raison d'accepter. Un système qu'on peut changer. Qu'on doit changer. Insoumission!

Pour 2017, maintenant que j'ai réintégré mes 37,2° de température corporelle, je nous souhaite donc aussi que les droits des femmes, et donc les devoirs des hommes, apparaissent dans la campagne présidentielle pour ce qu'ils sont: un enjeu vital.

Unknown-2Oui, je sais, pensée magique.

Compte dessus bois de l'eau fraiche.

Certes, mais on est encore en janvier, on souhaite ce qu'on veut. On le droit de rêver, le champ des voeux est infini...

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Jan 17


Bonne année !


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Espace commentaire

Ochoa Gisèle - Le 17/01/2017 à 15:49

Coucou Isabelle et Belle Année 2017 !! Ô combien je partage ton point de vue . En souhaitant te voir en 2017 dans le sud ou en Bretagne !! Bises


Julie - Le 18/01/2017 à 16:27

Amusant de s'indigner de l'élection de Trump qui ne serait pas démocratique et ne respecterait pas la volonté du peuple et, quelques lignes après, de se féliciter de la grâce présidentielle de Jacqueline Sauvage qui a été condamnée deux fois par un jury populaire. La démocratie oui, mais à condition qu'elle applique ma propre volonté et serve mon idéologie.

Isabelle Alonso - Le 19/01/2017 à 09:51

Je m'indigne de beaucoup de choses, entre autres du fait que la démocratie américaine ait pu amener au pouvoir un type comme Trump, oui. Quant à la grâce présidentielle, elle me consterne, mais c'était la dernière solution de corriger une atroce injustice. Quand une Loi est injuste le citoyen doit s'attacher à la rendre plus juste. Totale cohérence.



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