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Au nom de la mère...


En 1995, dans mon premier livre “ Et encore, je m’retiens ! ”, l’un des chapitres s’intitulait " Mimzil ". Il traitait du mot “ Mademoiselle ” et de la transmission du nom de famille... Je le joins à ces lignes, comme élément de réflexion, puisque j’ai moi même évolué sur cette question.


Figurez vous que soucieux d’appliquer des directives européennes, qui les invitent à créer de l’égalité des sexes (si, si, je vous assure !) les gouvernements de la communauté se sont penchés sur la question de la transmission du nom de famille. Nos vaillants parlementaires hexagonaux ont donc mis leur neurone à chauffer, et ils nous ont pondu une somptueuse usine à gaz qui finira inévitablement en eau de boudin, ce qui sans doute, de toutes façons, était leur but ultime.


D’abord, posons le problème. En France, seul un usage patriarcal persistant pousse les femmes à changer de nom quand elles se marient. La loi prévoit qu’une citoyenne, comme un citoyen, garde le même nom de sa naissance à sa mort. En revanche, ce qu’elle prévoyait aussi, la loi, jusqu’au premier janvier 2005, c’est que seuls les hommes transmîssent (et toc !) leur nom de famille, sauf dans le cas précis où le père n’aurait pas reconnu l’enfant. Nous voilà bien en présence d’une inégalité évidente. Qu’il convenait donc de corriger. Ou de faire semblant.


Je vous livre tout cru le produit de la cogitation de nos technocrates, spécialistes du bon vieux concept Shadok dit “ PFSQOPFC ” ou pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué. Depuis le 1er janvier, les heureux parents d’un bébé peuvent lui donner le nom du papa, ou le nom de la maman, ou les deux, accolés dans l’ordre qui leur convient et séparés par un trait d’union. Au choix. Ce système va évidemment produire des noms composés. Que se passe t’il à la deuxième génération ? On peut accoler un nom composé à un nom pas composé. Il suffira de séparer le nom composé du pas composé par un double tiret. C’est quoi un double tiret ? C’est nouveau, ça vient de sortir, je vous en fait un : - -. Un autre : - -. Joli, non ? Je vous le mets en situation : Eglantine Schmurtz et Philibert Dugommier ont mis au monde, début 2005, un petit Paul Schmurtz-Dugommier. Ou Dugommier-Schmurtz, n’oubliez pas qu’on est dans l’égalitaire ! Quand le petit Paul, a son tour, épousera Bénédicte Maroualle, leur petite Adrienne pourra s’appeler Schmurtz-Dugommier - - Maroualle, ou Maroualle - - Schmurtz-Dugommier. La pauvre aura le choix entre plusieurs formules qui lui vaudront un calvaire par formulaire. Moins quand même, que si Bénédicte Maroualle a été nommée par ses parents Bénédicte Maroualle-Dugland. Je vous laisse décompter les possibilités, moi je viens d’essayer, je frise le collapse du cortex. Le législateur s’est quand même retenu dans son délire : à la génération suivante, le maximum autorisé est de deux noms composés accolés, séparés par un double tiret. Sale temps pour les bègues.


J’oubliais : en cas de litige, il se passe quoi ? Allez y, creusez vous le ciboulot ! N’oubliez pas qu’on fabrique de l’égalité ! En cas de litige (roulement de tambour), en cas de litige, donc, je sens que vous vous en doutez, c’est le nom du.... PÈRE qui sera choisi ! Au besoin par un tribunal ! Comme je vous le dis ! On applaudit bien fort ! Non mais des fois, faudrait pas oublier les grands principes : égalité d’accord, mais les hommes d’abord !


Entre nous, des litiges, avec un tel système, y’en aura tellement que le premier résultat de cette brillante idée risque d’être une augmentation en flèche des divorces ! Pour incompatibilité patronymique ! Quand vous aurez fini de lire le texte de loi, vous pourrez toujours le rouler dans un entonnoir et aller consulter un psy...


Si le souci du législateur avait été de corriger une inégalité séculaire, il s’y serait pris autrement. D’abord il n’aurait pas donné le choix. La loi n’a pas à donner le choix. La loi fixe une règle qui doit être respectée. C’est à ça que ça sert, la loi. Surtout quand il s’agit de modifier une habitude à laquelle personne de vivant ne connaît d’alternative. La filiation patrilinéaire, on a toujours habité dedans, on ne connaît rien d’autre. Alors donner le choix, c’est conforter le statu quo...


En laissant aux gens le choix, alors que le contexte de domination masculine reste constant, c’est tout simplement le nom du père qui sera donné, parce que les femmes n’oseront pas imposer le leur. Et n’en auront aucun moyen. Avec la nouvelle loi, transmettre son nom n’est pas un droit pour les femmes, juste une possibilité soumise à négociation. Négociation menée dans un contexte inégalitaire. C’est comme planter des choux dans de la moquette, ça ne fonctionne pas.... Le nom de la mère risque de ne s’imposer que pour les pires des raisons, telles que la vanité. La porteuse d’une particule ou d’un nom prestigieux n’aura sans doute aucune difficulté à transmettre son patronyme. En revanche, les noms étrangers, ou perçus comme ridicules, n’auront aucune chance. Et c’est dommage. Nous voilà loin de l’intention supposément égalitaire de la loi. La loi telle qu’elle vient d’être élaborée ne peut en aucun cas atteindre son but premier.


Vous me direz, puisque t’es si maline, tu ferais quoi ? C’est là que je vous attends ! Figurez vous que ça fait longtemps que je me la pose la question ! Dans “ Mimzil ”, écrit il y a dix ans (version intégrale ci- dessous), je proposais une idée : que les femmes donnent leur nom aux filles et les hommes aux garçons. Avec cette formule on est à la fois dans l’égalité, puisque chacun a la même chance de transmettre son nom, et dans l’aléa, puisque on ne peut encore décider à l’avance du sexe de l’enfant à naître. Mais la règle est fixe, applicable à chaque naissance. Pas de risque que le rapport de forces ambiant influe sur la réalité. Mais le risque était de produire des lignées de femmes et des lignées d’homme, et qu’il en résulte des lignées à deux vitesses, plus prestigieuses si elles sont masculines. J’ai donc amélioré le concept : les hommes transmettraient leur nom uniquement à leur fille, et les femmes seulement à leur fils. Cela donnerait, dans chaque famille, une transmission en zig-zag, d’un sexe à l’autre... Et ça, c’est beau, équilibré, juste et égalitaire.... Les pères désirant transmettre leur nom cesseront d’être déçus quand ils ont une fille, et les femmes auraient la satisfaction de transmettre légitimement leur nom à leur petit garçon, cassant ainsi le système patriarcal traditionnel.


Il y aurait dans chaque famille deux noms, l’un porté par mère et fils, l’autre par père et fille. Ça changerait les rapports, ça créerait de l’égalité, une connivence intersexe. Ceux qui pensent que la cohésion d’une famille tient aussi au fait que tout le monde porte le même nom doivent savoir qu’en Espagne, où les liens familiaux restent très puissants, le père, la mère et les enfants portent des noms différents, ça fait trois noms par famille, et tout va bien. Plus près de nous, ici en France, les trois filles de Jane Birkin s’appellent Kate Barry, Charlotte Gainsbourg et Lou Doillon. Quatre femmes, quatre noms. Ça ne les empêche apparemment pas de s’aimer... Ça fonctionne. Pour avoir un petit Birkin, il aurait fallu que Jane ait un garçon. “ Mon ” système est presque en place. Il suffit de créer la situation ou un père et ses trois fils portent des noms différents, chacun portant le nom de sa mère. Trop bien ! J’ai trouvé ça toute seule et je ne suis pas parlementaire. Mais l’égalité est un concept qui me parle. Ce n’est pas le cas des concepteurs de nos lois.


En conclusion, laissez moi prévoir l’avenir. Cette loi ne sera pas, ou très peu, appliquée. Trop compliquée à long terme, avec ses doubles tirets et ses discussions sans fin. On imagine les débats, gagnés par le ou la plus tonitruant-e : “ Schmurtz, c’est plus joli ”, “ Ah non, c’est Dugommier qui sonne mieux ! ! ! ”. On ne pourra pas empêcher des doubles tirets de se perdre dans les formulaires et certains patronymes de s’allonger démesurément (Je me lance : “ Nous avons la joie d’annoncer la naissance deLéa Maroualle-Dugland - - Schmurtz-Dugommier ” !). Argh ! Pauvre enfant ! Le jour où elle aura besoin d’une carte de visiste, elle ruinera une forêt et fera la fortune d’un imprimeur.


Que dira-t’on alors ? Que les féministes sont vraiment trop chiantes avec leurs revendications à la con, alors qu’avant tout était simple ! Et le tour sera joué ! Les hommes continueront à transmettre leur nom, en toute quiétude et bonne conscience, et les complications seront mises sur le compte des idées fixes féministes. Et elles porteront le chapeau. NOUS porterons le chapeau. Comme d’habitude. On nous dira : “ Ah, vous voyez, ça ne marche pas, tout le monde s’en fout de votre truc ! ” Comme si on avait vraiment essayé de créer de l’égalité. Alors qu’on a juste démontré en toute mauvaise foi qu’il est vain de vouloir changer les choses. C’est du sabotage. Nos parlementaires créent de l’égalité comme un constipé va aux toilettes. A reculons et sans résultat.


Isabelle Alonso (comme papa).


MIMZIL Madame ou mademoiselle ? Je sais pas l’effet que ça vous fait, mais qu’on me pose encore cette question par les temps qui courent me donne envie de mordre. Vous croyiez que le genre humain était divisé en deux genres, mâle et femelle ? Vous aviez raison. Vous en déduisiez que la société civile s’en trouvait répartie en hommes et femmes ? Vous aviez tort. La citoyenneté française se divise en trois genres : les hommes, les femmes célibataires et les femmes mariées. Ça fait trois appellations pour deux sexes : monsieur, madame et mademoiselle...


Monsieur, c’est un homme de la puberté à la mort, quels que soient les aléas de sa vie sentimentale, qui ne regarde que lui. Comme d’habitude, pour les hommes les choses sont simples. Le système fonctionne en fonction d’eux. L’homme est normal, que voulez-vous. Il se définit par rapport à lui-même. Si vous êtes une femme, ça se complique. Les femmes, on les définit par rapport aux hommes. “ Mademoiselle ” veut dire que vous êtes célibataire, et suggère que vous n’avez pas de vie sexuelle ou que vous êtes disponible. “ Madame ” veut dire que vous avez convolé, et que, donc, un homme a le droit de vous jouer du mirliton en toute légalité. Et que théoriquement lui seul en a le droit. Une femme annonce donc dès qu’elle se présente son degré de disponibilité sexuelle. Parce que figurez-vous que quand vous êtes une femme, ce que vous faites avec votre cul, ça regarde tout le monde ! Si vous êtes mariée, faut que ça se sache ! Et si vous ne l’êtes pas aussi ! Pratique, non ? Vous connaissez toutes le sirupeux : “ Madame ou mademoiselle ? ” avec clin d’œil baveux en prime du dragueur de base qui cherche moyennement discretos à se renseigner sur ses chances de concrétiser ou sur sa légitimité à vouloir le faire. Déjà, c’est pas juste à la base d’être un poteau indicateur sur pattes. En plus, ça complique la vie ! Les ordinateurs prévoient trois cases pour les fichiers. Un pour les hommes et deux pour les femmes. Vachement simple ! Au prix d’une manipulation informatique, ça finit par coûter cher de respecter des traditions imbéciles ! Pourquoi pas une appellation qui préviendrait tout de suite si vous êtes pédé ou si vous avez un net penchant pour la levrette ? En voilà une technique qui ferait gagner du temps à tout le monde !


En attendant, moi je me demande où est l’égalité dans tout ça. S’il est normal et important de faire savoir dès qu’on se présente si on est passé ou pas devant le maire, alors ça doit être pareil pour tout le monde. Dans ce cas, on peut recommander, pour les hommes célibataires, l’utilisation du vocable “ mondamoiseau ”, délicieux équivalent masculin de mademoiselle. Très mignon, si, si, très seyant. Au moins autant que mademoiselle, non ? Ou alors on estime que faire état de sa situation matrimoniale au premier mot est hors de propos, et on supprime définitivement mademoiselle de l’usage courant, des fichiers et des questionnaires. Et qu’on ne vienne pas me dire que j’encule les mouches, parce que si vraiment ça n’a aucune importance y a qu’à le faire tout de suite et on en parle plus !


Mais en fait ça en a, de l’importance. Le nom qu’on vous donne c’est ce que vous êtes. Avant vingt-cinq ans, le terme “ mademoiselle ” aggrave tous les paternalismes, toutes les condescendances qu’on se permet déjà trop avec les jeunes. Mademoiselle, c’est gnangnan et compagnie. Et dès vingt-cinq ans, on se met à friser le ridicule avec cette étiquette ! À se sentir à l’étroit dans la supposée virginité qu’elle confère même à qui concubinerait avec une demi-douzaine de blousons noirs ! Et insisterai-je sur la pesante alternative qui accable la mademoiselle passé la quarantaine, et qu’on soupçonne soit de traîner un antique pucelage plein de toiles d’araignée, soit de planquer sous l’appellation la plus mièvre de la langue française un solide appétit pour les charmes masculins, en clair, d’être une vraie salope ! Quelle croix ! Et c’est sans arrêt qu’on vous pose la question ! En décodé, ça donne à peu près : “ Alors, z’avez réussi à en coincer un, ou je peux me lancer ? ” Que répondre ? Curieuse : En quoi est-ce que ça vous regarde ? Grossière : Et qu’essa peute foute ? Conciliante : Comme vous voulez. Ignorante : C’est quoi la différence ? Rusée : Ça dépend, faut voir... Inquisitrice : Et vous ? Monsieur ou Mondamoiseau ? Les Américaines ont remplacé leurs Miss et Mrs. par Ms., (prononcez Miz), vocable unique valant pour toutes les femmes quelle que soit leur vie privée. Pourquoi n’en ferions-nous pas autant ? Pourquoi n’opterions-nous pas pour “ Madame ” ? Après tout, c’est ce que nous sommes, dès notre jeune âge et quel que soit notre état civil. Mais si vous avez d’autres idées, suggérez, suggérez !


Mais c’est pas tout, c’est pas tout, il y a plus ignoble. Mme Philibert Dugommier, ça vous met pas en rage ? C’est qui, ce zombie ? Pourquoi l’institution du mariage suppose-t-elle la disparition nominative de l’épouse, prénom compris ? En cas de disparition, justement, une annonce nécrologique avisant du décès de Mme Philibert Dugommier ne vous permettra guère d’imaginer que vous venez de perdre une amie d’enfance ! Imagine-t-on un M. Églantine Schmurtz ? Légalement, pourtant, pour l’état civil, vous restez Églantine Schmurtz de votre naissance à votre mort, quel que soit le nombre de vos maris. Mais les usages en veulent autrement et datent d’une époque où les femmes étaient la propriété de leur mari, comme la pomme appartient au pommier, dixit Napoléon. Une propriété qui n’avait pas plus besoin d’un nom à elle qu’une calèche ou un pot de confiture, car une propriété n’a pas droit à l’existence. C’étaient des temps barbares aux femmes, je vous l’accorde, alors pourquoi garder ce genre de sinistre souvenir ? Pour peu qu’Églantine, grande séductrice, se marie cinq fois, elle disparaîtra cinq fois non seulement derrière le patronyme de son époux, mais même derrière son prénom ! Au nom de quoi ? Quand un usage ne correspond plus à rien, c’est simple, il faut le supprimer. Faites-vous appeler par votre nom, mariée ou pas ! Vous existez, et c’est à vous d’appliquer dans la réalité un droit que le législateur vous a reconnu depuis toujours. Et si votre mari la ramène en vous disant que c’est trop joli de s’appeler pareil et qu’il vous offre son nom comme un présent, comme une preuve d’amour, proposez-lui le vôtre et regardez sa réaction ! Car le présent, le don, ça n’est pas d’élargir son propre nom à quelqu’un d’autre, ça, c’est plutôt flatteur, mais plutôt de renoncer à son nom, c’est-à-dire, rien que ça, à son identité. Alors le jour où les mecs accepteront l’idée de s’appeler M. Églantine Schmurtz, ils pourront la ramener. En attendant, jouons-la équitable et que chacun garde son nom. C’est pas fini ! J’en profite pour embrayer sur autre chose. Cette histoire de nom, c’est tout un système qui nie notre existence. Dernière facette de la machine à dé-nommer : pourquoi seuls les hommes transmettent-ils leur patronyme ? En voilà encore une bien bonne, et bien nulle ! Les femmes peuvent aujourd’hui transmettre leur patrimoine, ce qui n’a pas toujours été le cas, mais pas leur nom ! Vous dites ? Égalité ? D’abord, notre système est idiot. La transmission du nom par la moitié seulement de la population entraîne la disparition progressive des patronymes. Si on continue, dans cent ans, y aura plus que des Martin et des Dupont ! C’est pas pratique et c’est un appauvrissement culturel. En plus, c’est pas juste ! Bête et inique, ça fait beaucoup, on doit pouvoir changer ça, non ? Et qu’on ne me dise pas que ça n’a aucune importance, le nom ! Même les ploucs, vous et moi, pas aristos pour deux sous, ont le sens du nom ! S’il allait se perdre ! Quelle horreur ! Plus de Dugommier sur la planète ! Ben comment qu’elle va faire, la planète, sans Dugommier ? Ça le fait flipper, le Dugommier de base ! Ça lui nique sa petite immortalité à lui ! Non, non, faut pas que ça arrive ! Vite, procréons ! Mettons au monde un petit porteur du flambeau Dugommier, et mourons tranquille ! Attention, le petit Dugommier, pour porter le flambeau, faut aussi qu’il porte des roubignoles, autrement tout est à refaire ! C’est bien comme ça que ça marche, pas vrai ? Tout le monde a l’air d’accord là-dessus. C’est pas moi qu’invente. Alors si on changeait les règles du jeu ?


Toutes ces familles où l’on valorise plus la naissance d’un garçon parce qu’il transmet le nom y gagneraient un peu de sérénité, et les filles des mêmes familles un peu de considération. Parce que trop souvent elles arrivent encore, les filles, comme une espèce de déception ! On aurait préféré un garçon pour le premier ! Ça commence bien ! On voit déjà dans la grenouillère rose la future pièce rapportée dans une famille étrangère, et dans la bleue l’indispensable maillon de la chaîne Dugommier ! Et hop ! Au cas où ça manquerait, voilà encore une source de valorisation du petit mâle par rapport à sa sœur ! Une brimade de plus. Une de trop. Y a assez de sexisme ambiant pour pas en rajouter sur des problèmes faciles à résoudre. Solution ? Sûrement pas l’embryon de demi-solution à la mords-moi-le-nom qui autorise depuis peu les enfants à accoler le nom de leur mère à celui de leur père, et les femmes mariées leur nom de jeune fille à celui de leur mari ! D’abord, ça ne change rien au fait que seuls les hommes transmettent leur nom qui reste le patronyme basique. Ensuite, accumuler les patronymes présente rapidement des limites : voyez les incroyables noms composés, très fréquents dans les professions libérales, des nanas mariées qui portent leur nom, puis celui de leur mari, mais elles avaient déjà un nom composé ou elles sont remariées ou que sais-je encore et ça donne du maître Bénédicte Dugland-LeFloch Maroualle-Saint-Bris, avocate à la cour. Ben comment elle fera, sa fille, si elle applique le droit de rajouter le nom de sa mère au sien, il lui faudra un rouleau de pécu comme carte de visite !


Plus raisonnablement, il faudrait repenser le système en termes d’égalité, d’équivalence, d’équilibre. Par exemple, et pour simplifier, les filles pourraient transmettre le nom de leur mère et les garçons celui de leur père. Ça ferait plein de noms sur les boîtes aux lettres ? Deux. Plutôt moins que dans les familles à tiroirs, l’un n’empêchant évidemment pas l’autre. Les familles pourraient éventuellement porter les deux noms accolés, par ordre alphabétique. La famille Dugommier-Schmurtz serait ainsi composée de papa Philibert Dugommier, de maman Églantine Schmurtz, et les enfants Suzanne Schmurtz et Alexandre Dugommier. Chaque citoyen(ne) aurait un nom de sa naissance à sa mort et pourrait le transmettre. Il y aurait filiation matrilinéaire et patrilinéaire conjuguées, ça tombe bien, nous sommes en ce bas monde des hommes et des femmes ! Ça serait super ! Les frères et sœurs n’auraient pas le même nom ? Et alors ? Ils seraient dotés du même pouvoir de transmettre, ils seraient donc égaux. Nous sommes bien habitués à ne pas porter le même nom que notre mère par disparition pure et simple de celui-ci. Alors que, dans ce cas de figure, il n’y a plus de disparition de nom ! Pourquoi pas des lignées de femmes ? Réfléchissez, vous verrez, c’est à la fois plus juste et plus logique. Vive moi, ma mère et ma grand-mère ! (extrait de "Et encore, je m’retiens" Robert Laffont, 1995.)


Isabelle Alonso , 10 janvier 2005.

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Au nom de la mère...


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Suzanne B. - Le 30/12/2015 à 01:39

Très amusant. «C'est qui ce zombie?» Les hommes ont une tendance autiste de ne pas vouloir vivre avec une femme qui a un nom, une existence personnelle, je trouve. D'ailleurs une série récente «Plus belle,la vie» Samia est toute excitée de se faire appeler:« Madame Boher». Le nom de son flic de mari.


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